Notre argumentaire

La direction de SRF analyse actuellement la possibilité de transférer la plupart des rédactions du studio radio de Berne à Zurich-Leutschenbach. A la suite de quoi la Direction générale déménagerait de ses actuels locaux de la Giacomettistrasse pour le studio radio de la Schwarztorstrasse situé en centre-ville. Des vérifications sont en cours afin de déterminer les coûts d’un déménagement et le potentiel d‘économies. Les résultats seront présentés au Conseil d‘administration.

  1. Crédibilité et diversité en jeu: Les émissions d‘information de radio SRF produites et diffusées depuis Berne figurent depuis de nombreuses années en tête des classements de crédibilité. Durant la campagne No Billag, la SSR s‘est massivement – et avec le succès que l‘on sait – appuyée sur ce journalisme de qualité, qui est pour ainsi dire son ADN. Les projets éditoriaux de la direction de SRF conduisent insidieusement à une convergence totale entre radio, tv et online, et menace par là même la diversité de l‘information.
  2. Seule une SSR décentralisée peut refléter la Suisse: L‘article 2 de la concession SSR stipule que, dans ses programmes, elle doit promouvoir la Suisse sous toutes ses facettes. L‘ancrage régional que représente l‘information à Berne (centre politique de la Suisse), les radios SRF1 et SRF3 à Zurich et SRF2 Culture à Bâle s’est développé de manière constructive sur des décénies et correspond à l‘idée que s‘en font nombre de citoyennes et citoyens ayant voté «non» à l‘initiative No Billag. En outre et contrairement à Zurich, Berne fait figure de pont entre la Romandie et la Suisse alémanique.
  3. Centraliser radio et tv à Zurich serait un très mauvais signal: Cela accentuerait encore la domination médiatique de la métropole économique et donc la vue centrée sur Zurich de la Suisse. De nombreux journaux de Suisse allemande sont déjà en mains zurichoises; la Basler Zeitung et les deux quotidiens bernois «Berner Zeitung» et «Bund» viennent de s‘ajouter à la liste. Une délocalisation de la majorité des rédactions actu de Berne à Zurich ne ferait qu‘affaiblir un peu plus la place médiatique bernoise.
  4. Résistance sur tous les fronts: Les considérations fédérales, médiatiques et éditoriales ont conduit, en très peu de temps, à une alliance politique inédite: la ville et le canton de Berne, l‘association «Hauptstadtregion», les quatre associations économiques bernoises, des Conseillers aux Etats et nationaux, des représentants du gouvernement ainsi que des maires des cantons limitrophes, des membres du Conseil municipal et du Grand conseil et les présidents bernois de cinq partis politiques demandent à ce que le projet soit stoppé. Plusieurs politiciens romands soutiennent également cette demande. De plus, la ville de Berne a proposé à la SSR de l‘aider à trouver des locaux appropriés dans le centre. Sans oublier les 176 employé(e)s du studio radio de Berne qui, de par leur signature, manifestent contre un déménagement à Zurich.
  5. Economies réalisées controversées: Selon la direction de la SSR, une délocalisation de Berne à Zurich permettrait d‘économiser de 3 à maximum 3,5 millions de Francs. Ce sont les chiffres qui ont été fournis aux collaborateurs à leur demande. A Zurich, de nouveaux frais seraient engrangés, car il n‘y a actuellement pas suffisamment de place pour accueillir, en plus du personnel des radios SRF1 et SRF3, celui de l‘actualité. Des travaux, voire de nouvelles constructions, seraient nécessaires. Et une répartition des rédactions de l’information éclatée sur plusieurs bâtiments serait une véritable régression par rapport au status quo.
  6. Près de 180 postes concernés: 222 personnes travaillent au studio de Berne (soit 179 emplois plein temps). Près de 180 d‘entre elles seraient concernées par un déménagement à Zurich. Les non touchées seraient la rédaction du Palais fédéral (5), la rédaction régionale Berne-Fribourg-Valais (15) et une partie de la rédaction de politique intérieure. Combien de journalistes de cette dernière resteraient à Berne? C’est pour l‘instant incertain, car la direction de SRF annonce des chiffres contradictoires à ce sujet: d‘un côté, une «majorité» doit rester à Berne (un peu comme une carotte aux politiques afin qu‘ils acceptent la délocalisation), de l‘autre, la direction parle de rapatrier le plus de monde possible afin d‘éviter les problèmes de coordination. D‘après une première estimation, la rédaction en chef estime que 20 à 30% du personnel démissionnerait en cas de déménagement, emmenant avec lui un précieux savoir-faire.

Planification: Le Conseil d‘administration décidera en juin 2018 de la faisabilité du projet. La décision finale de délocaliser ou pas le studio radio de Berne à Zurich-Leutschenbach sera prise fin 2018.